Avec la présence de Hollande et de Valls, les obsèques de Margerie ont pris l’allure d’un hommage national. Les élus de gauche comme de droite y ont participé en nombre aux côtés du gratin de la bourgeoisie française, de la présidente du FMI, Christine Lagarde, et de l’Émir du Qatar.
Pourquoi tant d’honneurs ? Total symbolise à lui seul tous les méfaits du capitalisme. Malgré ses profits colossaux et les 5 milliards de dividendes annuels versés aux actionnaires, Total a fermé des raffineries, supprimé des emplois et ajouté des chômeurs aux millions qui existent déjà en France.
Malgré ses 10 milliards de profits, Margerie a fait en sorte que Total ne paie pas un centime d’impôt sur les sociétés pour 2013, comme pour 2012. Et si le groupe parvient encore à présenter des comptes en déficit l’année prochaine, le fisc a prévu de lui faire un chèque de 80 millions au titre du crédit d’impôt compétitivité et du crédit recherche.
Aux yeux d’un bourgeois, cela en fait assurément un « grand homme ». Mais sûrement pas pour le commun des mortels !
Pour Valls et Hollande, Margerie était non seulement un « grand homme », mais il était l’un des leurs. Un « ami », ont dit les « socialistes » Valls et Macron. Ce petit monde forme une même communauté de valeurs, d’idées et de relations. Quand les uns servent le grand capital comme ministre ou chef d’État, les autres le servent à la tête des grandes entreprises.
Quand ils ne sont pas issus des mêmes familles, du même milieu social et des mêmes écoles, les hommes politiques ou les hauts-fonctionnaires ont mille occasions de côtoyer, de collaborer et d’apprécier les dirigeants des multinationales.