mardi 3 juin 2014

Reprenons confiance dans notre force collective

Après l’affaire Cahuzac, la caste politique avait promis qu’on ne l’y reprendrait plus. Le soleil de la transparence et de l’exemplarité allait briller sur la vie politique ! Il y avait bien quelques vieilles affaires à purger, celles des Guérini à Marseille, de la fédération du Nord – Pas-de-Calais pour le PS, les affaires Dassault, Balkany, Guéant pour la droite, mais tout cela était du passé, nous avait-on dit.

Et l’on apprend que l’UMP a mis en place un système de fausses factures avec la société Bygmalion pour la bagatelle d’au moins 11 millions d’euros. Que cela serait lié à l’explosion du plafond légal des dépenses de campagne de Sarkozy. Que lui-même ni Copé n’en savaient rien.

Pour qui nous prennent-ils ? Il y a de quoi être dégoûté par ces politiciens aussi dénués de scrupules qu’arrivistes. Mais l’écœurement vis-à-vis de la politique a des racines plus profondes encore.

Les dirigeants socialistes parlent de « crise de confiance », comme si la faute en incombait aux électeurs de gauche qui ne comprendraient pas la situation et seraient impatients.

Mais qui s’est fait élire sur la promesse de faire la guerre à la finance, avant d’étouffer les travailleurs sous les impôts pour payer ces mêmes financiers ? Qui avait promis d’empêcher les licenciements, comme à Florange, et a aidé les licencieurs ?


Quand Sarkozy était au pouvoir, Hollande combattait l’idée que le coût du travail était un problème. Aujourd’hui, il ne parle plus que de le réduire et ne jure que par les exonérations de cotisations sociales et les baisses d’impôt pour le patronat, quitte à faire payer les travailleurs, y compris ceux qu’il condamne au chômage.
Sa dernière idée est d’expérimenter une vieille revendication patronale : le gel des seuils sociaux. L’entreprise qui dépasserait 10 salariés ne serait plus contrainte d’avoir des délégués du personnel. Celle qui passerait à plus de 50 n’aurait plus à mettre en place un comité d’entreprise, ni à négocier sur les salaires ou l’intéressement.

Ce n’est pas en se pliant à tous les désirs du patronat que Hollande regagnera la confiance des travailleurs. Le discrédit est si profond que la nomination de Valls au poste de Premier ministre et ses promesses de baisse d’impôt pour les plus modestes, dérisoires au regard du recul des conditions de vie, n’y ont rien changé.

Avec une telle impopularité, « on voit mal comment Hollande pourra tenir trois ans », se demandent les commentateurs. Mais, pour gouverner, Hollande n’a pas besoin de « crédit », il lui suffit d’avoir le pouvoir. Tant que personne ne le conteste dans la rue, tant que les travailleurs ne réagissent pas, il continuera à attaquer, main dans la main avec le patronat.

Et ce n’est pas l’opposition d’opérette au sein du PS qui le fera changer de politique. Ce n’est pas non plus le risque de perdre les prochaines élections. Hollande l’a montré aux municipales et aux européennes : il est prêt à sacrifier son parti sur l’autel de sa politique pro-patronale.

Rien ne le fera changer car Hollande fait partie de ces hommes politiques « responsables », dévoués depuis toujours à la bourgeoisie, convaincus que tout dépend de la prospérité des capitalistes, de la rentabilité de leurs affaires. Que cela nécessite, dans cette période de crise, de s’en prendre aux travailleurs, Hollande l’assume.

Alors, quelles sont les perspectives pour les travailleurs ? Sûrement pas d’attendre les prochaines élections, car remplacer la gauche par la droite signifierait redemander des coups. Quant à ceux, parmi les travailleurs, qui croient pouvoir « tenter » ou « essayer » le FN, ils sont suicidaires.

Le FN est le défenseur du capitalisme et du patronat. Il n’a rien contre l’exploitation, il n’envisage que d’en faire baver plus encore aux travailleurs qui ont le malheur de ne pas être nés ici. Et s’il parvenait au pouvoir, il y mènerait une politique anti ouvrière impitoyable.

Sa « préférence nationale » est un poison pour les travailleurs. Un poison dont les effets se font déjà sentir au travers des réflexions racistes qui se banalisent. Un poison qui divise les travailleurs et les détourne du seul combat qui permettrait de débloquer la situation pour les exploités : le combat contre le patronat.

Contre le piège du FN, il faut que se construise, à l’opposé, une force politique qui ouvre des perspectives aux travailleurs. Qui milite pour mettre en avant leurs intérêts. Qui milite pour redonner confiance aux travailleurs, confiance dans la légitimité de leurs exigences, confiance dans leur force et leur capacité de faire valoir leurs droits.