Les
commentateurs s’extasient sur le savant dosage réalisé par Édouard
Philippe pour la composition de son gouvernement : quelques doses de
gauche libérale, une dose de droite sarkoziste mélangée à de la droite
juppéiste et saupoudrée d’experts de la société civile. Mais il s’agit
tout simplement d’un gouvernement anti-ouvrier.
Le ministère de l’économie est confié à Bruno Le Maire, candidat à la
primaire de la droite, dont le programme comportait la réduction des
indemnités chômage et les boulots à 5 euros de l’heure pour les
allocataires de minima sociaux. Il sera flanqué d’un ministre des
comptes publics, Gérard Darmanin, ancien sarkoziste.
François Bayrou est payé en retour de son soutien à Macron du poste
de Ministre de la Justice. Bayrou avait déjà été nommé ministre en 1995,
dans le gouvernement d’Alain Juppé, le maître à penser d’Édouard
Philippe. À l’époque, la politique anti-ouvrière de Juppé avait
déclenché une vague de grèves inédite depuis 1968 qui avait fait fléchir
le gouvernement.
Les personnalités de la société civile sont avant tout des hauts
cadres dévoués corps et âme au patronat. C’est le cas de la ministre du
Travail, Muriel Pénicaud, ancienne DRH chez Danone et directrice
générale adjointe chez Dassault Système. C’est aussi le cas du ministre
de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer, directeur d’une des plus
prestigieuses écoles de commerce de la bourgeoisie française, l’ESSEC.
Quant aux ministres qui sortent du sérail du Parti socialiste, il n’y
a aucun doute qu’ils seront solidaires des nouvelles attaques contre le
monde du travail, à commencer par la future aggravation de la loi El
Khomri promise de longue date par Macron.
Tout cela est sans surprise. Ces nominations ne font que confirmer
l’installation au pouvoir d’un gouvernement de combat contre les
travailleurs.